Note : Tous les liens dans cette histoire mènent à du contenu en anglais sauf indication contraire.
Saviez-vous que le secteur riverain industriel de Toronto est en pleine transformation ?
Un passage à l’échelle supérieure
Ce projet applique à grande échelle des techniques éprouvées de construction durable et de naturalisation :
- Retrait du béton et ajout de méandres pour atténuer les inondations et améliorer l’habitat des poissons
- Excavation de 1000 m de nouveau lit de rivière, puis création d’une plaine inondable et de 13 hectares de nouveau milieu humide côtier
- Naturalisation et plantation (l’ampleur de l’effort a épuisé les stocks d’espèces indigènes des pépinières de l’Ontario en 2024 !)
- Restauration des sols contaminés
- Construction d’espaces publics, de routes, de ponts et de services publics accessibles et durables
Ce qui était le marais de la baie Ashbridges voilà 200 ans est devenu au cours des 19e et 20e siècles un terrain utilisé pour l’industrie lourde, le stockage du sel et la production de béton dans le secteur riverain de Toronto. En 1987, la région a été ajoutée à la liste des 42 secteurs préoccupants des Grands Lacs de la Commission mixte internationale (CMI). À l’issue d’un énorme effort collectif pour réparer les dommages, les lieux rempliront désormais trois fonctions : la protection contre les inondations, la naturalisation, et la revitalisation par l’aménagement urbain durable. Le projet de restitution à l’état naturel de l’embouchure de la Don et de protection des terres portuaires contre les inondations est un effort primé, financé par les trois paliers gouvernementaux, visant à transformer la zone de friche industrielle active du secteur de Port Lands de Toronto et à restaurer l’embouchure naturelle de la rivière Don.
Plus tôt cet été, notre équipe a visité la nouvelle vallée de la rivière Don restaurée qui prenait forme, et elle a été impressionnée par l’envergure de la collaboration. L’Office de protection de la nature de Toronto et de la région (TRCA), Waterfront Toronto et la Ville de Toronto œuvrent conjointement à affiner et à mettre en œuvre le concept de la firme Michael Van Valkenburgh Associates pour la revitalisation du secteur de Port Lands, qui a remporté le concours international de design tenu en 2007. Les trois groupes collaborent pour lutter contre les inondations, restaurer l’habitat et assurer la connectivité des modes de transport afin de créer un secteur riverain sain où les résident·e·s et les autres êtres vivants peuvent vivre, travailler et jouer.
Nous avons discuté avec Rick Portiss, gestionnaire principal du groupe de surveillance et gestion des milieux aquatiques du TRCA, et Ken Dion, directeur de projet pour l’intégration du secteur de Port Lands de Waterfront Toronto, à propos de la culture de collaboration et de la vision à long terme qui ont rendu possible ce projet.
Une culture de collaboration
« La planification et la mise en œuvre de ce projet colossal nécessitent une expertise dans toutes sortes de disciplines. La collaboration entre les expert·e·s des différents domaines – biologie, ingénierie, planification – a été essentielle pour concevoir une manière holistique et novatrice de vivre en harmonie avec la nature en pleine ville. »
Rick Portiss, 2024
Rick, un passionné de l’ichtyobiologie, a récemment pêché un jeune doré jaune dans le secteur de l’île et du chenal Keating. Ce fut une découverte palpitante, car il s’agit d’une espèce indicatrice cible pour la région et que la taille de la prise laisse supposer une reproduction naturelle. Ce signe d’amélioration était attendu depuis des décennies et est le fruit du travail de milliers de personnes et d’un investissement de millions de dollars. Rick, qui travaille pour le TRCA depuis 1993, voit clairement comment la stratégie de naturalisation initiale, définie il y a des décennies, a permis à une myriade de partenaires d’apprendre ensemble et de contribuer à la régénération du doré jaune.
La collaboration a commencé quand un groupe de restauration des habitats aquatiques a recommandé l’amélioration du secteur riverain de Toronto en lançant un processus d’évaluation par les pairs des projets par des organismes gouvernementaux et des chercheurs. Le processus était unique au Canada, car il rassemblait la rétroaction de toutes les parties à un seul endroit pour que la planification soit holistique et coordonnée. La stratégie de restauration de l’habitat aquatique du secteur riverain de Toronto (TWAHRS) et la culture de sa table de concertation a ensuite guidé les démarches à mesure que le projet pour la rivière Don s’élargissait pour inclure un éventail plus diversifié de collaborateur·rice·s et de titulaires de droits.
Un effort multigénérationnel
« Je me suis joint au projet en 2002 avec le TRCA ; tout était neuf pour moi alors que les autres portaient la vision depuis 1989. J’étais la prochaine génération qui porterait le flambeau. »
Ken Dion, 2024
Une collaboration réussie transcende le temps et les domaines. Il faut des générations qui travaillent de concert pour régénérer les terres et les eaux. Le projet initial était très ambitieux : creuser une toute nouvelle rivière à travers une zone industrielle contaminée et y nettoyer une friche urbaine. Plusieurs des promoteurs initiaux se sont retirés il y a longtemps, mais des groupes tels que Lost Rivers ont inspiré de nouvelles générations à mettre au jour nos rivières englouties, tandis que le financement promis des partenaires fédéraux, provinciaux et municipaux a permis la réalisation des travaux.
L’initiative a réellement pris son essor en 1989, lors d’une grande assemblée publique au Centre des sciences de l’Ontario où environ 500 personnes se sont présentées. La communauté a exigé de ses élu·e·s et des pouvoirs publics que l’on revitalise l’ensemble du bassin versant de la rivière Don. Les gens voulaient que l’accessibilité et la qualité des cours d’eau soient améliorées, et que soient aménagés des espaces pour la plaisance, les loisirs et les habitats fauniques.
|
Le groupe de travail de 1991 pour la restauration de la rivière Don n’a pas disparu. Ken Dion en retrace encore le fil des idées ambitieuses dans les travaux et les collaborations qui se poursuivent à ce jour. Alors que le projet en arrive à ses dernières étapes de mise en œuvre, Rick Portiss se prépare à tirer sa révérence, mais il espère voir le secteur encore croître et évoluer en un site du patrimoine naturel unique dont la prochaine génération saura être la gestionnaire et gardienne. Ken et Rick constatent que la vision collective et l’initiative de collaborateur·rice·s et de promoteur·rice·s locaux·ales engagé·e·s ont permis de garder les gens motivés jusqu’à l’aboutissement du projet.
Cet article témoigne d’un rêve collectif, et de la force de la communauté pour adhérer à une vision à long terme jusqu’à ce qu’elle se concrétise de zéro. Que pourrons-nous donc imaginer ensuite ?